Pour le film «Evros : paysage opaque » de Giorgos Keramidiotis
Par Michalis Bartsidis[1]
L’esprit du temps se crée de vastes greniers de force, informe comme
l’ impérieuse tension qu’il tire de tout.
Il n’est plus de temple pour lui,
Rilke, Rainer Maria, « La septième élégie », Élégies de Duino
Nombreux sont ceux qui se souviennent de la scène du film de Theo Angelopoulos Le Pas suspendu de la cigogne, où les deux familles d’un mariage se retrouvent sur les rives opposées d’une rivière. Une chanson de mariage est diffusée par un lecteur de cassettes flottant sur un radeau. Certains se souviennent peut-être aussi de la scène dans laquelle le héros reporter est fasciné par la figure d’un réfugié âgé, vivant comme un ascète dans une petite ville près de la frontière, et se met à le suivre. Le film montre que s’il le veut, le reporter peut, d’un pas, franchir la frontière et se retrouver de l’autre côté.
C’était en 1991. Après la chute du mur de Berlin, une époque qui s’ouvrait, avec de nombreuses attentes en Συνέχεια